• Sur le toit de la voiture s'entassaient des valises, le vélo de Francine (ma soeur), la planche de surf de Justin (mon frère), mon skate, mon wave et d'autres choses appartenant au chef de la famille. Papa se hissa sur le toit, du moins comme il put et retira avec le plus grand soin du monticule un grand sac de toile grise, rond et plat. Les deux autres baillèrent. Moi, je n'en menait pas large. Mais qu'est-ce que c'était que ce truc ? Je n'avais pas vraiment le temps de me poser la question vu que nos parents nous appelaient pour enlever nos affaires du toit du véhicule. Mon skate en main, j'essayais quelques figures mais impossible de faire quoi que ce soit quand on est sur de la terre. Ah ! que la rampe de mon immeuble me manquait ! Je m'apprêtais à réessayer quand un plop, suivi d'un floushh, se fit entendre. Je me retournais et là, sur le toit de la voiture, une tente 5 places. L'arme secrète. Je n'avais pu essayer la tente l'année dernière vu que j'avais fait un super stage de skate et rollers. Et sincèrement, je ne voyais vraiment pas pourquoi la famille s'extasiait devant une pareille mocheté. Ils auraient mieux fait d'acheter une caravane et de me laisser repartir en stage. Pfff, et c'est reparti pour le camping foireux. Si on arrive à faire du feu, on en perd le contrôle (je le sais car la dernière fois qu'on a fait du feu la tente a cramé avec).

    Souhaitez moi bonne chance, car ça va pas être une prtie de plaisir, et ça, c'est moi qui vous le dit.


    1 commentaire
  • Mais l'histoire commença à tourner au vinaigre quand mon imagination voulut mêler au récit un peu de ce romantisme qui m'écoeurait. " Il prit amoureusement sa main ". Rhhha, beurk ! Mais comment puis-je avoir de pareilles idées ?! C'était bon pour les nunuches qui attendaient toujours leur prince charmant ! Je préférais me réveiller plutôt que de subir un passage de ce genre. Pouf ! Envolé le bien-être de rêver à une histoire et à inventer la suite ! Mais d'où tenais-je cette horrible goût pour les histoires d'amour ? Mon inconscient aurait il une réserve de romantisme ? Impossible ! Mais je me réveillais tout de même, et le ronron du moteur ne parvint pas à me faire rendormir, tellement la peur de faire à nouveau ce cauchemard me tenaillais. Je voulus sortir un livre de mon sac, mais l'idée d'avoir pris un roman à l'eau de rose me retournait l'estomac. Je me résolus à regarder encore et encore les poteaux électriques défiler le long de la route. Je luttais contre le sommeil et contre l'envie de compter les poteaux, ce que je faisait à chaque fois, et je ne pouvais pas m'empêcher, dans ces cas là, de compter à voix haute. Puis, nous dûmes nous arrêter pour reprendre de l'essence. Je demandais à ma mère si je pouvais avoir un paquet de ces boules de gomme à l'eucalyptus, dont je raffolais. Elle acquiesca. Je choisis le plus gros paquet, qui avait une réduction de vingt pourcents et le tendais à la caissière. Elle passa le code barre et ma mère paya. J'ouvris hâtivement le paquet et pris une boule de gomme. Mhhh, que c'était bon, et ça me remontait le moral, après cet horrible cauchemard. Quand mes frères et soeurs virent l'énorme paquet que je rapportais, il y eut un boucan pas possible dans l'habitacle :

    - Oh, tu m'en passe s'il te plaît ! (mon frangin)

    - Grande soeur va grossir... (ma petite soeur, très perspicace)

    - Chérie, tu n'aurais pas dû... (mon père, toujours restrictif)

    - Taisez-vous sinon j'en donne à personne ! (moi)

    Le silence se fit, et tout le monde se vit en train de mastiquer les boules de gomme quelques instants plus tard. Je serrais mon paquet fort contre moi, comme une peluche. Une douce odeur d'eucalyptus se diffusait dans la voiture. Et le voyage continua, avec la même lenteur et la même monotonie. Seule exception, un gros paquet de bonbons. On roula jusqu'a ce que la nuit tombe. Ce fut là le moment de sortir notre arme secrète.


    1 commentaire
  • Je me réveillais. Un cahot de la route m'envoya valdinguer sur ma petite soeur, qui se mit à pleurer. Je vérifiais que tout allais bien et regardais par la fenêtre. La campagne, toujours la campagne. Des champs moissonnés à n'en plus finir. La route n'était plus goudronnée, c'était de la terre. Des cailloux gros comme le poing étaient tassés sur la chaussée, comme un dos-d'âne. La voiture fit un vol plané, et comme l'atterrissage ne fut pas très amorti, ma petite soeur recommença à pleurer. Bonté divine, ne pouvait-on pas méditer en silence ?! D'abord, le papotage des parents, patati, patata, boulot, maison, fric, voiture, ça n'en finissait plus. Mais quand je crus que le silence allait enfin pouvoir s'installer, le portable de mon grand frère sonna. C'était sa petite amie. A ce point là, j'étais sûre que le voyage serait toujours et définitivement bruyant. J'apréhendais à le faire, mais je fermais mon oreille interne et le silence de mon esprit se diffusa partout en moi. Je fermais les yeux. Puis, comme je l'espérais, les mots, qui ne supportent pas le bruit que l'on fait en parlant, timidement, vinrent. Ils chuchotèrent des histoires fantastiques à mes oreilles, et je me laissait bercer par le doux murmure des contes de fées, pour finir par replonger dans le sommeil. Je somnolais doucement quand un juron me sortit de ma rêverie. Mon idiot de grand frère avait fait tomber son portable, et ce dernier était en miettes. Miracle ! me disais-je. Pas pour longtemps, car quand ma mère vit ce qu'il restait du précieux appareil, elle se mit à hurler sur mon frangin avec une puissance suffisante pour réveiller un mort. Je ne pouvais plus fermer mes oreilles, elles étaient déjà hermétiquement scellées ! Alors, je hurlais à pleins poumons sur toute ma famille :
    - Bon sang, quand vous tairez-vous ? On ne peut pas se reposer en silence ?!
    - Il semblerait que l'on ne puisse pas, fit mon frangin en montrant maman, mais si tu pouvais aider à la baillonner tu ne serais pas de trop !
    - Soit. me tournant vers ma mère. Maman, peut tu te taire, tu lui passeras un savon plus tard. Merci et BONNE NUIT !
    Toute la famille se tut, et le seul son audible fut le ronronnement du moteur. Ahhhh, enfin du silence ! Mais après tout ce boucan, ma colère contre le bruit n'était toujours pas apaisée. Je me résignais donc à regarder les arbres défiler. Des platanes. Là, même la ville avait transplanté les éternels platanes. Je sombrais pourtant dans cette transe étrange dans lesquels certains de mes souvenirs faisaient surface sous forme de film. Des images sans son. J'étais bercée pourtant par le film très spécial des histoires que j'avais l'habitude de lire. Un film qui se crée dans la tête quand on lit une histoire. On invente les personnages, on leur donne l'aspect qui leur convient en fonction de leur caractère. Mais si l'histoire est la même, tout peut différer, en fonction des personnes. Le livre que je voyais était Le fantôme de l'opéra, de Gaston Leroux. Mais je ne l'avait pas terminé ! Alors là, mon imagination débordante pris la relève, et écrivit la fin de l'histoire. Mais qui sait si c'est comme ça que cela devait se passer...

    5 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique