•  Ailleurs, au fin fond de l’univers, notre vision se transforme, et nous voyons ce que la Terre sera, ce que l’homme détruit peu à peu, en créant autre chose. Une sorte de miroir divinatoire en somme. Après quelques instants passés à contempler notre avenir, un léger « clic » se fait entendre, un capteur s’aperçoit de notre présence et nous voilà aspirés en pleine destruction de la Terre. Il y a une sorte de clair de terre au milieu de l’obscurité de la nuit, non pas crée par le soleil, mais par la gerbe de magma en fusion qui, tel un feu d’artifice, vient d’exploser au-dessus de nos têtes.

         Tout d’un coup, comme si le fichier du temps n’était plus compatible avec l’ordinateur de notre vue, nous nous retrouvons 100 ans plus tard, sur une terre dévastée par la bêtise de l’homme. Comme le vaisseau spatial avait été téléporté en même temps que nous, nous eûmes l’idée de manipuler un humain de notre équipe pour recréer des gens qui pourront à leur tour avoir de brillantes idées pour reconstituer une terre pérenne, ne désirant plus vivre dans la crainte de l’autodestruction de notre fragile univers. Après maintes expérimentations, nous eûmes notre premier humain. Il était déjà adulte, et, enhardis par ces succès, nous fîmes d’autres représentants de ce qui serait bientôt la race humaine. Les clônes ne chômaient pas non plus, veillant à une reproduction plus naturelle de leur lignée.

         Mais peu à peu, les radiations nucléaires nous revinrent, affectant les génomes des parents, affublant leurs enfants de membres en trop, de maladies proliférant telles des mauvaises herbes. Mais ce n’était pas tout, les gens ainsi que nous, commencèrent à enfler, à gonfler, notre peau se teinta de gris, de violet, de rouge-orangé, devint dure comme une carapace. La Terre se vengeait : elle recréait des dinosaures à partir de la matière que nous sommes, et, aussi sûr que deux et deux font quatre, la météorite allait nous détruire, rendant la Terre stérile de toute vie animale, et l’immense cycle du temps allait recommencer. Les singes évolueront, les humains redétruiront la Terre… Mais la Terre n’était pas éternelle, pensais-je, aussi, peut-être qu’au beau milieu de cette spirale infernale elle implosera, se disloquera en un millier de particules de poussière, et ce sera la renaissance du Big-Bang.


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  • Il était midi passé lorsque je pus enfin embarquer à bord de l'autobus de la ligne S. Je monte, je règle mon ticket et c'est alors que mon oeil est attiré par un individu à l'air passablement absent, emmanché d'un long cou, son Borsalino orné d'une cordelette. Je l'observe car je lui trouve une vague ressemblance avec l'une des cothurnes de mon arrière-grand-oncle Népomucène, quand soudain, il présente ses respects à son voisin. Je vous prie de m'excuser, monseigneur, dit'il, n'avez vous point remarqué, ajoute t'il, que, souligne t'il d'un ton plaintif, c'est la énième fois, bégaie t'il, que mon mocassin se retrouve sous le votre, conclut t'il. Ceci étant dit, se rengorgeant comme un cog de bruyère, il alla poser son auguste derrière sur le brocar doré et moelleux du siège numéro cinquante trois. Comme on poserait une vieille chaussure datant de l'avant guerre dans un musée d'art décoratif.

    Plus tard dans la journée, alors que je me trouvais Cour de Rome, j'avisais notre gentleman en grande discussion avec un confrère. Très cher, lui fit remarquer ce dernier, ne serait il pas opportun, continua t'il, de remplacer ce bouton, ajoutait t'il, par un autre plus seyant sur votre redingote, termina t'il.


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  • En ce temps-là, il gelait à pierre fendre toute l'année, mais un homme, un homme banal, savait qu'il ne ferait pas eternellement froid. Il rêvait chaque nuit de pierres magiques, brûlantes et fumantes, que l'on trouverait dans un autre pays, un autre monde. Cet homme, qui a 43 ans, prend la décision d'aller chercher ces pierres qui le réchaufferaient... Il se mit à penser à des mondes parallèles, des pays magiques, et surtout aux contes de fées de son enfance. Il ne savait pas encore où aller, mais il partirait. Donc, il lui fallait un plan, pour trouver celui-ci, il se rendit à la bibliothèque municipale, et eut bientôt contentement, un plan glissé entre deux pages d'un atlas lui indiquait la route à suivre. Il le photocopia et remit l'original à sa place. Quand il lut le plan pour partir, il vit ces mots : " Vous allez pénétrer dans un monde magique, qui ne figure sur aucune autre carte que celle ci. Vous ne rencontrerez personne et vous ne pourrez y retourner une seconde fois ". Il prit le plan et marcha sur un chemin tarabiscoté tout le long du jour, mais il n'arriva pas à la forêt géante, première étape vers les pierres magiques. Il campa sous un arbre esseulé. Le lendemain, il reprit sa route. En marchant d'un pas guilleret et rythmé, Gaspard Hamelin, l'homme dont e vous parle, sentit une nouvelle vie l'animer. Il marchait vite, et arriva à la forêt géante bientôt. Il y entra et se vit entouré d'une jungle luxuriante. Son regard fut attiré par un rayon violet qui filtrait à travers les arbres, mais il n'y attacha que peu d'importance. Il continua sa route tant bien que mal dans cette étrange forêt... Il entendit soudain un grognement derrière lui. Terrifié par l'ours titanesque qui se dressait derrière lui, il courut à toutes ambes pour échapper à la mort. Il sema l'ours qui le chercha un peu dans les environs, puis qui partit, dépité. Il vit des spécimens rares, des mouches qui nageaient et des iguanes ailés pendant quelques mètres, puis émergea de cet endroit de cauchemard. Il dormit paisiblement jusqu'au jour. Il partit vers les pics bleu de l'himalayen, dès le matin. Il les vit de plus près en se rapprochant, et ils étaient magnifiques. Ils étaient bien bleus, mais d'un bleu nacré irisé d'une multitude de couleurs, qui descendaient en vaguelettes le long de leurs flancs polis et glacés, au fur et à mesure que le soleil montait ou descendait dans le ciel. Ils étaient dressés comme des épées tendues vers la gloire, fiers tant qu'ils le pouvaient de leur beauté attirante. Gaspard grimpa avec courage et détermination ces falaises mortelles. Il rencontra l'abominable Yéti des neiges, et fit le reste du trajet au pas de course. Il se reposa dès qu'il le put et dormit comme une souche jusqu'a midi. Il partit à une heure et demie. Comme il faisait à nouveau chaud passé les pics, il se tressa un chapeau en feuilles de bananier. Quand Gaspard arriva vers le volcan, il entendit un puissant ronflement : le volcan endormi était endormi, il ne fallait pas le réveiller !! Gaspard marcha le plus silencieusement possible, mais réveilla le volcan en marchant sur un de ses bras de lave. Ce dernier, furieux, se mit à cracher de son feu liquide. Gaspard courut, et heureusement qu'il avait son chapeau, car il avait recu un peu de salive incandescente de volcan sur la tête. A son grand étonemment, le chapeau résista à la lave. Il se dépêcha tout de même. Il marcha jusqu'à un endroit s^r et s'assit sur une pierre. Mais il se releva aussitôt, les fesses fumantes. Il se réjouit, car il avait trouvé les pierres magiques ! Il en prit deux, et sitôt qu'il les avait mises dans son sac qu'il se retrouva chez lui, une pierre dans la cheminée et l'autre dehors. Quand il sortit pour la récupérer, il la vit briller d'un rayon violet, semblable à celui dans la forêt, et le paysage se transforma, plus de froid ni de neige, seulement chaleur et bonheur. Il ne la retira pas, comprenant qu'elle fournirait cette chaleur tant qu'elle serait dehors. Gaspard vécut heureux avec sa pierre magique pendant le restant de ses jours.

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  • Je cours sous les néons, je cherche à fuir cette clarté qui me rends fou. Je suis perdu dans le labyrinthe de ces murs gris, vides d'émotions. Je repasse devant ma cellule, essoufflé. Une demie-heure. Une demie-heure avant que l'on vienne me chercher et me tuer. J'ai été emprisonné pour un meurtre que je n'ai pas commis. Je cours, je tourne à droite, à gauche, je ne sais plus où je me trouve. Une lumière blanche apparait alors au bout du couloir : la sortie. Je sors, je cours à toutes jambes vers la pénombre apaisante, vers la foule colorée. Je regarde les habits de toutes les couleurs dans les vitrines cristallines. Je me mêle à la foule, je lui échappe dans une petite ruelle. Je sens alors sur ma peau la chaleur du soleil, une lumière dorée et chaude m'inonde. Je sens des odeurs alléchantes : la boulangère et ses petits pains, le chocolatier et ses chocolats. Le bruit de la ville décline peu à peu, mais ce n'est pas le silence glaçé et oppressant de la prison qui s'installe. Cette prison totalement robotisée n'a plus rien d'humain, et les seuls sons que l'on peut entendre sont les cris des prisonniers, ces cris qui, déchirant le silence, semblent inhumains. Même le moteur du robot qui vient nous apporter les repas ne ronronne pas.  C'est sinistre. Tout est fait pour que l'on ressasse ses méfaits en silence, les prisonniers tournent en rond dans leur cellule. Certains sont même devenus fous. On n'a aucun contact avec les autres détenus. Avec pour seul compagnon le silence, toujours le silence, glacé, froid, il s'insinue en vous et vous transforme en statue muette. Non, c'est un silence calme et reposant qui vient. Enfin, la nuit tombe. Je vois alors des lumières s'allumer, telles des lucioles. Je m'asseois sur un banc, ferme les yeux et savoure cette liberté.

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  • Il entra, obligé de se courber en deux comme un gros ours, car il était presque un géant. Il avait de larges épaules, on devinait des muscles puissants sous son épais tricot de laine bleue. La peau tannée par les embruns et le soleil, la démarche chaloupée des marins aguerris, et surtout cette lueur sauvage dans son regard fuyant le rendait intimidant. Il sa glissa à côté de Sylvestre, prit son verre de rhum et trinqua à la santé du navire et de ses matelots. Sylvestre plaisanta sur ce qu'il faisait dehors à cette heure là. Yann redevint sombre, et, quelques minutes plus tard, allait se coucher.
    Le lendemain matin, il rejoignit son poste de pêche comme si rien ne s'était passé la veille. Il commença à pêcher; D'un coup sec, il ferrait le poisson, le sortait de l'eau, le jetait sur le pont pour celui qui allait le préparer à être conservé et il recommençait. Ca allait vite, ils passaient près d'un énorme banc de morues. Peu à peu, le jour commença à poindre, révélant un brouillard épais, ouaté. Les pêcheur n'étaient qu'à trois mètres les un des autres mais ils ne se voyaient déjà plus. Et ils continuaient à pêcher en silence. Dès que la relève eut sonné, ils se rassemblèrent pour discuter. Il était question de femmes et de mariages, sans rien dire qui fut déshonnête. Un des hommes fit une plaisanterie :
    "Eh, Yann, quand vas-u te choisir une demoiselle ?"
    L'homme n'y songeait pas :
    "Non, pas encore..."
    Et il se referma comme une huître. Son regard étincela, puis il partit sans mot dire.

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