• Qwilleran, la suite

    Qwilleran était chez lui, dans sa grange rénovée, quand un remue-ménage se fit entendre, à l'étage supérieur. Lui qui espérait lire son nouveau livre fut déçu. Il grimpa à l'étage, et, sur son lit totalement dévasté, Koko qui faisait sa toilette.

    - Ah, les chats !!

    Il chassa Koko du lit et le refit tant bien que mal, le ménage n'étant pas son fort. Quand il redescendit, Koko était assis sur le gros dictionnaire, qui leur servait de jeu. Cette fois, Koko trouva un mot tout à fait anodin: saucisse.

    - Tu régresses, Koko, je te croyais moins gourmand !

    Mais, en parlant de gourmandise, il sentit son estomac protester. Il prit donc son blouson, sa casquette et partit pour le Dimsdale Dinner. Là, il prit des saucisses avec un oeuf au plat. Il ne résista pas à une petite part de tarte aux pommes pour le dessert. Quand il rentra  chez lui, Koko était toujours sur le dictionnaire. Qwilleran joua donc avec Koko. Celui-ci trouva des mots tout à fait normaux: couteau, fourchette, assiette, saucisse (encore) et crime, le dernier étant un peu moins banal. 

    Qwilleran ne se méfia pas et continua sa vie comme si de rien n'était. Il fixa un rendez-vous avec Polly au Chez Pompette et lut un chapitre du livre qu'il avait récemment acheté chez son ami le libraire. Quand vint l'heure de se rendre au restaurant, il conseilla à Koko de se tenir tranquille. Le diner se déroula sans encombres, mais trop banal à son goût. Tout ce que lui racontait Polly manquait de pétillant, de vie, de joie. C'était le récit d'une vie froide, calculée, morne, banale et sans aucune attrait. Il commençait à sérieusement s'ennuyer. Ce fut avec soulagement qu'il rentra chez lui. Sentiment partagé, car ses chats l'accueillirent à grands renforts de miaulements. Il leur servit des Kabibbles, invention d'une grand-mère dynamique et joyeuse nommée Célia. Cette dernière l'avait aidé lors d'une de ses enquêtes, puis, Qwilleran voyant son efficacité, l'avait "engagée" pour d'autres services. Koko et Yom-Yom l'appréciaient aussi, car elle avait inventé les fameuses Kabibbles. Pour en revenir à nos moutons, elle était aimée de tous, autant à cause de sa bonne humeur à toute épreuve que d'un point de vue gustatif.

    Donc, après les Kabibbles, un peu de lecture à haute voix. Qwilleran prit son livre, mais Koko n'était pas là. Comment commencer sans le plus attentif de nos deux spectateurs, Yom-Yom se prélassant paresseusement sur les genoux de Qwilleran. Koko était sur une étagère, et il frotta sa truffe contre la reliure d'un livre que Qwilleran n'avait jamais ouvert, un cadeau de..., eh bien il ne savait plus qui. Bref, il n'en connaisait ni le titre ni l'auteur. Ce n'était pas un classique, car il se nommait : Peggy Sue et les Fantômes, le jour du chien bleu. De Brussolo, Serge Brussolo. Avant toute chose, Qwilleran se demanda pourquoi diantre Koko avait choisi ce livre. Il prit le livre , et commença à le lire à haute voix. Il fut tellement pris par l'histoire qu'il en oublia ses cordes vocales. Jamais livre ne fut plus intéressant. Ce fut Koko qui le sortit de sa transe. Un miaulement grave et impétueux sorti des tréfonds de sa poitrine qui surprit Qwilleran. Celui-ci s'excusa, puis ferma le livre. Il sortit, et, son estomac grondant, il prit la direction du Owen's Place. Le service n'était pas encore très au point, mais la cuisine , aaaahhhhhh ! Une pure merveille ! Un spectacle gustatif !

    Qwilleran songea que, en vérité, Owen Bowen n'avait en rien aidé à la popularité du restaurant, ni à la sienne d'ailleurs. Le nom d'Owen's Place était donc un peu déplacé. Sa femme, aux fourneaux autant qu'avec les gens, était appréciée. Son mari, lui, avait tout de suite commencé à se plaindre, voulant changer le nom même de la fierté du comté de Moose : La grande dune. Il avait préféré la Falaise blanche, ce qui était un peu trop pompeux au goût des habitants de la région. Ou encore, quand le journal avait cité l'emménagement de personnes du Pays d'en bas et la reprise du restaurant chinois, Owen Bowen était venu se plaindre car le journal ne mentionnait ni le prix des entrées, ni la liste des desserts.

    Sa femme s'adaptait très bien à la bonne humeur du comté, où tout le monde (ou presque) était ami. On se rendait des services, on s'invitait, on papotait, bref, on était content. Son mari, lui, ne s'accomodait pas de tout cela. Quand quelqu'un lui proposait de le racompagner chez lui, il le prenait mal et répondait :

    - Je suis encore capable de marcher, contrairement à ce que tout le monde pense ici !

    Et il s'en allait, vexé comme un pou. Il ne décolérait pas avant que sa femme lui dise que s'il n'était pas sympathique avec les clients, ceux-ci ne viendraient plus, et plus d'argent par la même occasion. Ces deux petits mots, plus d'argent, avaient le don de calmer automatiquement Owen, mais si on rajoutait encore devant plus, il devenait excité comme une pucelle, une pile chargée à bloc, un ressort sur pieds, et aussi un éléphant dans un magasin de porcelaine (c'est d'ailleurs ainsi qu'Arnold récupéra ses objets en cristal, en mille morceaux, suite à une montée d'adrénaline soudaine de la part d'Owen).

    Qwilleran dîna donc, et rentré chez lui, un livre était par terre. Peggy Sue et les Fantômes, le sommeil du démon. Le tome numéro deux. A croire qu'il avait toute la série. Il vérifia. En effet il avait toute la série de Peggy Sue et les Fantômes. Il ne savait pas d'ou ces livres sortaient, ni qui les avaient mis là. Peut-être une discrète attention de Polly, la bibliothécaire, pour se faire pardonner l'ennuyeux dîner de la veille ? Ou peut-être était-ce dans un des cartons de livres qu'Eddington lui avait vendu ? Ou ??? Il y avait des tonnes de possibilités pour une seule question : Qui avait déposé ici tous ces livres? Et Qwilleran était certain que ce n'était pas lui, jamais il n'aurait acheté un livre au titre si rocambolesque. Mais, après mûre réflexion, maintenant, il en achèterai bien, des livres dans ce genre-là.

    Il prit le livre, et le rangea à côté du tome numéro un, qu'il avait presque fini. Koko avait dû anticiper la fin du premier tome, mais pour savoir comment il savait que ce livre était là, mystère et boule de gomme.

    - " Encore le coup de la voyance, songea Qwilleran. Ah, ce chat !"

    Puis il prit le premier tome, qu'il s'efforça de finir à haute voix. Les chats étaient aussi passionnés par l'histoire que lui. Quand la première aventure de Peggy Sue fut finie (un peu trop vite à leur goût), un bruit sourd se fit entendre. Puis un miaulement puissant. Le deuxième tome était par terre, et Koko voulait dire qu'il voulait écouter la suite des aventures de Peggy. Jamais Koko ne s'était manifesté aussi clairement. Ca devait beaucoup lui plaire... Qwilleran, qui avait encore plus envie de lire le livre, dit pourtant qu'il devrait écrire sa chronique. Celle-ci se porta, comme par hasard, sur les auteurs prodiges pas très connus. Elle eut beaucoup de succès, tout le monde parlait d'auteurs tels que Brussolo, mais aussi Alan Snow, Timothée de Fombelle, Erin Hunter, Sophie Audouin Mamikonian et bien d'autres. Les auteurs, surpris par tant de ventes, avaient cherché un peu et avaient eu une réponse : Qwilleran. Celui-ci avait donc sur le dos deux types de remerciements : celui des auteurs, pour la publicité, et celui des gens qui avaient découvert le "livre le plus passionnant de l'univers" ou le "roman le plus fabuleux du monde" et d'autres choses dans le genre.

    Par contre, la bibliothèque ne reçut plus aucune visite. Polly déséspérait de voir quelqu'un. Ce fut Qwilleran qui vint, pour lui annoncer une mauvaise nouvelle : la rupture. Ce ne fut pas trop dur à encaisser, car ils n'étaient pas trop proches l'un de l'autre. Ils resteraient amis et pas plus. Qwilleran avair besoin de quelqu'un de plus vivant, de plus joyeux, de plus surprenant, avec une pointe d'innatendu, car la banalité de Polly l'avait ennuyé au plus haut point lors de leur dernier dîner. Polly accepta et essaya de faire contre mauvaise fortune bon coeur et invita Qwilleran au restaurant. Avec un "pour fêter notre amitié" un peu ironique, ils partirent. Le dîner fut gênant pour Qwilleran, car Polly l'assaillait de questions sur pourquoi voulait-il la quitter ? Qwilleran lui dit qu'il s'ennuyait en sa compagnie et qu'elle ne le croyait jamais à propos de Koko. Il la planta là, seule avec un billet de cinquante dollars.

    Chez lui, il repensa à la soirée, et se dit qu'il avait été un peu dur avec Polly. Puis, comme une girouette, il pensa qu'il devait le lui dire en face, mettant fin au doute,... et à l'espoir par la même occasion. Il se dit que la nuit portait conseil, et il alla se coucher.

    Le lendemain matin, il opta pour une lettre soigneusement rédigée, qui contenait, malgré elle, des mots assassins. Qwilleran prévoyait de rendre visite à Mildred et Arch Riker pendant la matinée, pour savoir si le livre qu'ils avaient découvertleur plaisait. En effet, tous deux étaient tombés sous le charme d'un livre d'énigmes et d'aventure : Ulysse Moore. Il dut vite abandonner son idée, car Koko miaula et le tome deux de Peggy Sue et les fantômes tomba par terre. Avec une résignation feinte, il le prit et, s'installant confortablement dans son fauteuil, il commença à lire.

    Vers midi, il ferma le livre et annonça qu'il irait au Pâtés Gâtés, et que, s'il n'avait pas trop faim, il rapporterai aux chats un bout de pâté. Ceux-ci se virent pousser une auréole sur la tête, et Qwilleran un appétit d'oiseau. Il ne leur résistait jamais quand Yom-Yom lui faisait les yeux doux.

    Il déjeuna, et ô combien ce fut difficile pour lui de résister au petit bout de pâté qu'il lui restait dans son assiette. Mais quel bonheur de voir Koko et Yom-Yom heureux !

    Bon, c'était bien tout ça, mais sa chronique n'allait pas s'écrire toute seule. Il était un peu à court de sujet, déjà qu'avant il n'y en avait pas beaucoup... Ca lui donna une idée. Il allait publier un article demandant aux gens des idées de sujets pour sa chronique, et, à coup sûr, les admiratrices allaient rappliquer. Et sa chronique se porta sur la (très) grande participation des lecteurs du journal, qui, chaque semaine, envoyaient des monceaux de cartes postales à Qwilleran pour le féliciter sur sa chronique. S'il commencait la collection de cartes, il aurait en un an la collection la plus fournie et variée de l'univers ! Entre les vieilles dames et les jeunes fans, elle ne manquerait pas de diversité, sa collection. Mais de toute façon, il n'en avait pas alors...

    En passant il acheta les journal. A la une, il y avait la disparition de Magnus Hawley. Il alla parler à Arch.
    - Magnus a diparu ?
    - Oui, lui répondit Riker. Ca fait déjà trois jours que l'on est sans nouvelles de lui. Au début, sa femme n'a fait qu'alerter le poste de police. Mais si tu lui en parles maintenant, elle fond en larmes et tu risques de te noyer ! Doris est aparemment quelqu'un de sensible.
    - Comment avez vous appris ça ?
    - WPKX.
    - Oh. Mais pourquoi le mettez-vous dans le journal alors ?
    - C'est plus détaillé, et avez-vous vu des images en écoutant la radio ? Et aussi peut-être que des gens qui n'écoutent pas la radio achèteront le journal, rien que pour votre chronique, Qwill.

    Qwilleran grogna. Pour sa chronique ? Nooon ! Pour la photo de lui qui paraissait le mardi et le vendredi que les groupies collaient dans un album plus que fourni de Qwillerans sur papier.


  • Commentaires

    1
    MENEGMJFICTIONS
    Mardi 24 Février 2009 à 00:31
    Je ne me souviens pas d'un passage dans lequel Qwuilleran s'ennuie en la compagnie de sa ch? Polly.
    Chic alors !
    Ou vous l'avez invent?
    Pour me faire plaisir ?
    Bien ?ous, Marie-Jos?e
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    College Actu
    Samedi 3 Octobre 2009 à 19:20
    je la colle pas, je la skotche
    3
    Kamika Michiyo Profil de Kamika Michiyo
    Jeudi 15 Octobre 2009 à 17:17
    je la colle pas, je la skotche
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :