• Evasion

    Je cours sous les néons, je cherche à fuir cette clarté qui me rends fou. Je suis perdu dans le labyrinthe de ces murs gris, vides d'émotions. Je repasse devant ma cellule, essoufflé. Une demie-heure. Une demie-heure avant que l'on vienne me chercher et me tuer. J'ai été emprisonné pour un meurtre que je n'ai pas commis. Je cours, je tourne à droite, à gauche, je ne sais plus où je me trouve. Une lumière blanche apparait alors au bout du couloir : la sortie. Je sors, je cours à toutes jambes vers la pénombre apaisante, vers la foule colorée. Je regarde les habits de toutes les couleurs dans les vitrines cristallines. Je me mêle à la foule, je lui échappe dans une petite ruelle. Je sens alors sur ma peau la chaleur du soleil, une lumière dorée et chaude m'inonde. Je sens des odeurs alléchantes : la boulangère et ses petits pains, le chocolatier et ses chocolats. Le bruit de la ville décline peu à peu, mais ce n'est pas le silence glaçé et oppressant de la prison qui s'installe. Cette prison totalement robotisée n'a plus rien d'humain, et les seuls sons que l'on peut entendre sont les cris des prisonniers, ces cris qui, déchirant le silence, semblent inhumains. Même le moteur du robot qui vient nous apporter les repas ne ronronne pas.  C'est sinistre. Tout est fait pour que l'on ressasse ses méfaits en silence, les prisonniers tournent en rond dans leur cellule. Certains sont même devenus fous. On n'a aucun contact avec les autres détenus. Avec pour seul compagnon le silence, toujours le silence, glacé, froid, il s'insinue en vous et vous transforme en statue muette. Non, c'est un silence calme et reposant qui vient. Enfin, la nuit tombe. Je vois alors des lumières s'allumer, telles des lucioles. Je m'asseois sur un banc, ferme les yeux et savoure cette liberté.

  • Commentaires

    1
    MENEGMJFICTIONS
    Mercredi 25 Mars 2009 à 03:29
    C'est excellent, vraiment. Le rythme est parfait, ne retombe pas du premier mot au dernier.
    Mais il est heureux, sais-tu, que les prisons soient très loin du paradis.
    Sauf pour les innocents, mais pour eux, mêmes au paradis ce serait l'enfer, car la prison, même de rêve, resterait une prison.
    Amicalement, Marie-Josèphe
    2
    mounette
    Mardi 5 Mai 2009 à 15:22
    Belle imagination
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